Depuis plus de trente ans, les Rennais profitent du golf de la Freslonnière, un parcours en forêt, court mais technique où les obstacles s’enchaînent sur un bon rythme. Pour un golf loisir, le cadre de verdure prime, tout comme l’enthousiasme et la bienveillance transmis en ces murs d’un autre temps.
Par Claude Granveaud-Vallat
Longtemps en conflit avec la couronne de France, au fil des siècles, la Bretagne a su conserver nombre de ses nobles domaines. Aux portes de Rennes, celui de la Freslonnière est là depuis plus de huit siècles, au cœur d’une campagne arborée.
Comment Pierre Freslon de la Freslonnière, partant pour la Septième Croisade en 1248, aurait-t-il pu imaginer voir un jour un golf sur son domaine breton ? Même avec beaucoup d’imagination, il y avait peu de chance ! Il aura fallu attendre 1989, une époque où la comtesse Claude d’Alincourt eut l’idée de diversifier les ressources du domaine, en consacrant la moitié des 140 hectares de ses terres, de ses forêts, à la réalisation de ce parcours qui fait aujourd’hui le bonheur des Rennais comme la fierté d’une famille où les femmes tiennent les rênes. Ami de la comtesse, Alain du Bouëxic, bon joueur à ses heures, posa ses crayons sur le papier avant de tailler dans les futaies, d’imaginer les fairways, les greens, entre les pièces d’eau, en préservant au mieux les chênes d’un autre siècle. A l’époque, avec Claude d’Alincourt, ils ont visité de nombreux golfs à travers la France, cherchant au gré des sites des idées pour créer la Freslonnière. A voir le parcours épanoui au printemps, une période où les rhododendrons sont en fleurs le long des fairways, au bord des greens, l’inspiration a été fertile lors de ce périple hexagonal.
La végétation apporte un écrin naturel au parcours dont la longueur relative pourrait passer pour un handicap. Que nenni ! L’aspect technique du dessin vaut bien quelques toises sur la carte. Comme le dit Damien Perrier, un Rennais ayant évolué sur le Tour européen : « La Freslo, un des rares parcours où je suis capable de faire 7 ou 8 birdies et de rentrer dans le par ! ». Et ce même s’il ne détient plus le record du parcours, Alexandre Le Brun l’ayant porté à -5 à deux reprises.
Dès le tee du 1, on a intérêt à se fier à la devise séculaire de la famille Freslon de la Freslonnière, « il a la main droite et juste », pour espérer scorer ou, du moins, limiter la casse. Moment de bravoure, l’enchaînement 7-8-9, où entre l’eau, les arbres et le dogleg, il y a matière à égarer quelques balles et à plier sa carte. Au départ du 9, on aperçoit au-delà du virage à gauche, à l’ombre d’un vieux chêne, une statue de la Vierge. On peut se signer face à cet ex-voto érigé en 1842 pour rendre hommage à une source qui sauva les gens du domaine d’une épidémie de choléra…
Mais mieux vaut manier le draw avec aisance pour négocier ce virage. Si le retour paraît plus aéré, les birdies restent souvent dans les frondaisons, entre les chênes, les châtaigniers et quelques autres essences bienvenues dans des camaïeux d’ocre à l’automne. Légère ombre au tableau, la fadeur du par 3 du 11, un trou trop long qui mériterait un petit lifting, être raccourci de quelques longueurs le rendrait plus convivial. A l’approche du green du 17, on aperçoit les tours du château. L’imposant bâtis datant du XVIIIe est encore plus en vue au départ du 18, à condition de jouer du fond.
Une fois le dernier putt rentré, il est temps de rejoindre l‘ancien corps de ferme faisant désormais office de club-house tandis que la table du Bois Briand a trouvé place dans les étables dont la terrasse profite du soleil en fin de journée. Pour mieux gérer la récente pandémie et les contraintes qu’elle a imposées, Véronique l’a partiellement faite recouvrir d’un toit en « dur ». Ceux qui déjeunent là, y boivent un verre, ne s’en plaignent pas, bien au contraire. Mais les évolutions récentes ne se limitent pas à ces touches de cosmétique. Depuis 2020, deux thérapeutes, Fabienne Hurault et Marie-Pascale Cretin-Lutz, ont installé leur cabinet de bien-être sur le domaine. Naturopathe, relaxologue, adeptes des thérapies douces, elles ont su conserver leur patientèle rennaise tout en s’impliquant auprès des golfeurs. Ceux qui optent pour le séjour au château, dans les chambres décorées avec goût, les gîtes ou les studios, permettant de rayonner tout autour de Rennes, sont ravis de leurs prestations. Surtout lorsque le swing semble grippé et mérite un peu de détente musculaire, voire articulaire…
Sur ces terres chargées d’histoire, dans cet écrin de verdure, au milieu de ces arbres centenaires comme à la table du Bois Briand, la couronne a belle allure sur le blason du club où deux fers croisés donnent le ton de la partie, face à la qualité du tracé et l’intérêt du jeu. A n’en point douter, les Golfystadors l’apprécient depuis longtemps déjà.
Golf de la Freslonnière
Le Bois Briand
35650 Le Rheu
Tél. : 02 99 14 84 09.
www.golfdelafreslonniere.com
18T, par 72, 5646 m.
Création : 1989
Architecte : Alain du Bouëxic