Cité millénaire, Guérande s’est mise au golf récemment. Depuis 2004, ce parcours n’a cessé d’évoluer, de s’améliorer jusqu’à devenir un incontournable sur ces terres ligériennes, agréablement aérées. Ce parcours de golf loisir par excellence séduit bien au-delà des confins de la Loire-Atlantique, des Pays de la Loire. Oyez, oyez, qu’on se le dise…
Par Claude Granveaud-Vallat
Ayant presque tout gagné en individuel comme en équipe avec La Baule, à une époque où les golfs sortaient de terre plus vite que les champignons, Jacques Lebreton s’est tourné vers la réalisation de parcours de golf. Avec Yves Bureau, ils ont œuvré sur Omaha Beach, puis Saint-Jean-de-Monts. Avec Michel Gayon, ce fut l’Île d’Or qui vit le jour au milieu du fleuve royal. Cette passion du golf, il a su la transmettre à Eric, son fils qui, une fois passé pro, créa un practice près de Guérande. Au début du XXIe siècle, 9 trous rustiques prenaient forme sur ces terres plates, en retrait de la mer et des marais salants qui firent la fortune et la renommée de cette bourgade au temps d’Anne de Bretagne, à la fin du Moyen Âge. Une fois le tracé porté à 18 trous, face à l’engouement créé par ce nouveau golf en Loire-Atlantique, il était temps d’en améliorer la qualité, le drainage, la cosmétique, une évolution esthétique et technique bienvenue dès 2015. Deux ans plus tard, l’acquisition d’une dizaine d’hectares permettait d’agrandir le terrain avec les actuels trous 3, 4, 5, 6 et 7 sur la seule zone de relief du tracé – un léger dénivelé en montée sur l’approche du 4 puis en plongée au départ du 6. En 2018, Stuart Hallett est entré en piste pour entamer la réfection des premiers trous, à commencer par le 16 et les greens du 10 et du 18, son ancienne version accueille désormais le practice face à la terrasse du club-house. Le programme des travaux, à raison d’un trou par an allant des tees au green en incluant le système de drainage et les abords, demeure un travail de longue haleine entrepris en douceur, au rythme des finances du club.
Aux portes de La Baule et des marais de Brière, en retrait des plages, des ports, de l’Océan tout en profitant des embruns et de l’air iodé venu du large, le parcours de Guérande s’abrite derrière une forêt de chênes, de pins étirant leurs troncs vers la lumière, de bouleaux, de châtaigniers, d’érables, de saules, d’eucalyptus – une essence bien adaptée au climat ligérien. Des arbres qui frémissent dans le souffle des vents venus de l’Atlantique, qui donnent un peu de piment au jeu tandis que quelques massifs de roseaux apportent leurs plumeaux à la déco. Tout comme la trentaine de tonnes de rochers récemment remontés d’Auvergne… Quelle histoire ! Au gré d’une visite dans l’Allier, Eric Lebreton est tombé en arrêt devant des blocs de granit au milieu d’un champ. L’agriculteur, d’abord surpris, a été ravi de voir ces énormes pierres quitter ses terres ! Deux semi-remorques ont traversé la France avant que les fairways ligériens ne s’embellissent de ces cailloux millénaires. Pas question pour autant de se croire à Carnac, en jouant Guérande même si quelques mégalithes jouxtent aussi la cité médiévale !
Traversé par la Moranne, un ruisseau reliant plusieurs étangs, le parcours profite de quelques pièces d’eau pour pimenter le jeu d’un tracé qui n’a jamais manqué de sel. L’approche du 14, un par 4 joué en dogleg gauche, en est la plus significative tant le ru est perfide devant le green. Il coupe également le fairway du 9 à deux reprises, sur la mise en jeu puis devant le green. Des petits pièges qui n’inquiètent guère les habitués mais qui peuvent surprendre les visiteurs, de plus en plus nombreux au sein de ce club qui sait recevoir avec le sourire. L’affluence à table, en terrasse dès les beaux jours, vient le confirmer. Il faut dire que le chef ne manque pas d’arguments pour varier les plaisirs de l’assiette, mêlant la terre et la mer dans une élégante alchimie, sans trop saler la note !
En regardant dans le rétro, Eric Lebreton peut être fier de son club, lui qui a su créer une dynamique économique sur un site où rien n’était gagné par avance. Aujourd’hui avec six jardiniers emmenés par Ludovic Garcia – greenkeeper sur le site depuis la pousse des premiers brins d’herbe -, un parc matériel de très bonne qualité, plus de 700 adhérents fiers de leur club, de son ambiance aussi festive que ludique, il a réussi son pari. Il n’y a qu’à voir l’enthousiasme des membres des équipes – toutes catégories et tous âges confondus – pour s’en persuader.
Sur le terrain, le jeu se veut fluide, les abords sont propres, les fairways assez larges pour ne pas trop s’égarer, quelques mamelons recadrent le débat dans les zones critiques comme sur les doglegs, quelques pot bunkers comme au virage du 2 servent de mire ou de piège – voire les deux ! -, les greens sont d’une vitesse raisonnable, le calme des lieux est parfois perturbé par le hennissement des chevaux des écuries de Kerdango, voisines du golf. Tout cela réuni donne la recette d’un golf loisir sur la presqu’île de Guérande, une recette qui n’a pas tardé à séduire les Golfystadors d’autant, qu’après la partie, la visite de la cité saline, de ses ruelles médiévales, de ses portes Saint-Michel, de Saint-Jean, de Saillé…, de ses remparts, de ses moulins, est passionnante. L’or blanc qui fit la fortune de la ville a failli disparaître à une époque récente où la promotion immobilière sévissait sur le littoral mais les marais ont su garder leur charme, leur quiétude, leurs tons allant d’un blanc écru au céladon, selon les lumières d’un ciel parfois capricieux. Se perdre dans les salines, regarder les paludiers manier le las, pousser la lousse sur ces hectares où l’eau et la terre se mêlent depuis des siècles, a quelque chose de magique. Une balade qui devrait donner du goût à votre visite guérandaise…
Golf de Guérande
Route de Bréhadour
44350 Guérande
Tél. : 02 40 66 43 21.
www.golfdeguerande.com
18T, par 69, 5176 m.
Création : 2004
Architectes : Jacques Lebreton & Stuart Hallett