Au près de la Loire, là où les têtes couronnées ont séjourné durant des siècles, là où le climat est doux, là où le patrimoine est riche, de jolis golfs ont trouvé leur place. Il est temps d’en profiter entre l’Anjou et le Val de Loire, de jouer tranquillement, d’ouvrir les yeux, de découvrir le terroir dans les assiettes, dans les verres… Allons trinquer !
En 1964, le Golf d’Angers voyait le jour à un quart d’heure du château des ducs d’Anjou, forteresse du Moyen Âge. Sur la rive gauche de la Loire, en plein cœur du vignoble d’Anjou-Saumur, à Saint-Jean-de-Mauvrets, Jean Bourret a profité d’un site d’une cinquantaine d’hectares entre clairière et forêt, plat puis vallonné, bordé de petites mares pour créer 9 trous, un parcours précurseur dans la région. Il faudra attendre 1986 pour découvrir la version intégrale étendue dans la forêt. Le moulin-cavier de Pistrait, un bâtis du XVe siècle, accueille le club-house et le restaurant, en dominant le parcours où les doglegs, les frondaisons et les pièces d’eau créent les aléas d’une promenade qui, de prime abord, paraît tranquille. A l’image du fairway du 9 bordé d’un dolmen d’un autre temps, les vestiges d’une tribu celte antérieure à Jésus-Christ… Les travaux de drainage et d’irrigation entrepris en 2016 ont offert une cure de jouvence au tracé qui a su conserver son cadre calme, reposant, voué au silence… Un luxe !
Plus jeune des golfs angevins, l’Anjou Golf & Country Club tend tout de même vers ses 35 ans. Le temps pour les arbres bordant ces fairways nés de la volonté de Roland Paulze d’Ivoy de La Poype, un homme hors du commun, d’avoir pris un peu de volume. Cet ancien pilote de chasse, industriel, inventeur et passionné, a souhaité créer un golf sur ses terres agricoles. En 1989, il a fait appel à Fred Hawtree pour réaliser son parcours. L’architecte britannique a conservé la majorité des arbres du domaine – un régal pictural à l’automne – en imaginant son tracé autour des étangs. Entre les futaies qui paraissent serrées et les pièces d’eau, à l’image de celles du 13, mieux vaut rester concentré dans ce cadre magnifique, un plus pour un parcours qui, à l’image de son concepteur, a toujours su se défendre.
Né dans l’enthousiasme des années 80, le Golf de Baugé a connu une jeunesse tumultueuse. Ses investisseurs japonais s’étant envolés, le dessin d’Alain Prat était ramené de 27 à 18 trous, plus trois trous école. Jusqu’en 2017, les projets ont connu des revers… Il était temps pour Denis Millerand et Geoffrey Gabiller d’entrer en lice pour sauver le club. Cassant leur tirelire, les deux quadras ont épargné les emplois et redoré le blason du golf, à portée de drive du château de Baugé, fief médiéval du roi René, duc d’Anjou. L’excellent travail fourni au départ par l’architecte a permis de sauver le parcours malgré toutes ces embûches. Les bras du Couasnon apportent la fraîcheur aux trous du bas tandis que ceux dessinés sur les vallons cherchent l’ombrage sous les frondaisons. Installé dans d’anciennes écuries, le club-house déploie son charme dans une vaste longère mêlant briques et meulières sous un toit d’ardoise. La carte y est aussi abordable qu’agréable. Même si on ne peut toujours pas dormir sur le site, ce magnifique parcours angevin a enfin trouvé sa vitesse de croisière.
Aux confins de la Vienne, du Maine-et-Loire et de l’Indre-et-Loire, le Domaine de Roiffé vit une seconde jeunesse depuis 2014. Né en 1985, ce golf dessiné par Hubert Chesneau n’a dû son salut qu’à la vision de Pierre-Antoine Barbot. Sur la centaine d’hectares de cette ancienne maison de correction – fermée en 1968 ! -, entre les zones boisées et de vastes clairières, le jeu s’enchaîne calmement sur l’aller, avant de prendre un peu de volume sur le retour. Mais c’est le foncier qui a séduit l’actuel propriétaire alors que le club somnolait. Entre la Touraine et l’Anjou, entre les bords de Loire et l’abbaye de Fontevraud, le potentiel touristique était immense face à ces bâtiments de tuffeau, tirés au cordeau derrière des allées arborées. Quelques trous ont été raccourcis, le grand étang est entré en jeu. Les départs ont été aplanis, les greens sablés. Les bâtis ont été aménagés en chambres et résidences de tourisme, un gîte a été créé dans un dortoir. Derrière d’épais murs, le club-house a conservé les traces de l’ancien mitard. Le Club House accueille désormais l’Alcôve, restaurant bistronomique du Domaine ouvert en saison, ainsi que le Garden, la brasserie ouverte tous les jours, midis et soirs. Deux restaurants à la décoration soignée, offrant une vue imprenable sur le green du 9 !
Propriétaire de Roiffé, la famille Barbot a racheté le Golf de Saumur, un parcours de 9 trous de Stephen Quenouille et Tom Macaulay, ouvert en 1993 dans le cadre vallonné du Saumurois, propice à l’élevage équin. Cette acquisition a permis de créer un abonnement sur 27 trous, deux sites, deux départements, deux régions, favorisant le sens du loisir, du plaisir du jeu. En mutualisant les investissements, en optimisant l’utilisation des machines, en créant de l’émulation entre les sites, la dynamique n’a pas tardé à prendre sur un tracé alternant les montées, les dévers, les doglegs et les piquets rouges comme à l’approche du 7, un par 5 plongeant vers une pièce d’eau protégeant le green. La réfection du club-house face au putting-green et la forêt a également redonné envie de s’y arrêter. Le temps d’arroser les birdies…
Au Domaine de Roiffé, au bord d’une allée ombragée, les pavillons tirés au cordeau accueillent 62 chambres en rez-de-jardin ou à l’étage. Ces maisonnettes, anciens logements des personnels pénitenciers, débordent de charme derrière leur bâtis de tuffeau, dans un silence absolu. Certaines chambres peuvent accueillir jusqu’à quatre personnes. Les différents gîtes rénovés en 2015 sont combinables pour les « grandes » familles. Sur place, vous trouverez une multitude d’activités à destination de tous : un spa, un centre équestre, des ateliers de brassage de bières et de dégustation de vins, une brocante, des terrains de tennis, une piscine (en saison), un mini-golf, des terrains multisport …
La gastronomie n’est pas en peine avec deux restaurants au cœur du Domaine (l’Alcôve, restaurant bistronomique ouvert en saison, le Garden, brasserie ouverte toute l’année midi et soir), deux tables sur lesquelles vous retrouverez une cuisine faite maison faisant la part belle aux produits locaux, parfois même produits sur site (bière, miel, herbier…).
A l’Anjou Golf & Country Club, ceux qui veulent bondir du lit au tee sont aux anges ! Le club dispose de 18 chambres dans de charmants cottages et deux appartements pouvant loger chacun six personnes. Sans oublier la Maison bleue, bienvenue pour une tribu de 12 personnes maximum. De quoi mettre toute la famille au golf, en profitant de la douceur angevine, sublimée par Joachim du Bellay dans son recueil de poésie Les Regrets. La table du golf, orchestrée par Frédéric, fait l’unanimité à l’heure des repas tant en salle qu’en terrasse dès que le ciel réchauffe la nature.
Si la couronne de France a su apprécier les charmes du Val de Loire au XVIIe siècle, bien des châteaux ligériens ont fait le bonheur de l’aristocratie dès le Moyen Âge.
A commencer par le château d’Angers en surplomb de la Maine, volonté de la reine de France Blanche de Castille au XIIIe siècle. Avec son kilomètre de remparts mêlant le schiste au calcaire en strates reconnaissables, ses tours rondouillardes et imprenables, il accueillit les Plantagenêt avant que le roi René, duc d’Anjou, n’en fasse sa demeure dans un style gothique flamboyant et un lieu de vie de cour florissant. Six siècles plus tard, cet imposant édifice ne semble pas avoir pris une ride. Son trésor est en ses murs avec la Tenture de l’Apocalypse, une tapisserie médiévale commandée par Louis 1er d’Anjou vers 1375, un chef d’œuvre monumental inscrit au registre « Mémoire du Monde » de l’UNESCO. Cent mètres de long sur 4,5 de haut en 14 tableaux oniriques, fourmillant de détails sur la vie au XIVe siècle, une merveille ! Les jardins du château cachent des vignes, des essences méditerranéennes, des arbres fruitiers importés sur les bords de Loire par René d’Anjou qui voulait faire de la région le « jardin de la France ».
En Anjou, d’autres châteaux remarquables, témoins de l’Histoire, ouvrent leurs portes au public. A commencer par le Sur les bords de Loire, les édifices fleurissent au XVe siècle. A l’image du château de Brissac, le plus haut château de France avec ses sept étages et plus de 200 pièces richement meublées où les ducs de Brissac habitent depuis plus de 500 ans. Terre viticole, les vins du domaine se dégustent dans les caves de la propriété.
Dès le XIe siècle, les galeries et fossés du château de Brézé sont creusés sur plus d’un kilomètre, au cœur du tuffeau ligérien. Château au-dessus et forteresse en-dessous accueillent le public pour une visite hors du commun, dans un haut lieu du troglodytisme. Sur les bords de Loire, les édifices fleurissent au XVe siècle, à l’image du château de Plessis-Bourré dont les fresques des plafonds à caissons font la joie des amateurs d’ésotérisme. Au château de Montsoreau ayant inspiré Alexandre Dumas pour son roman « La Dame de Monsoreau », les bateaux pouvaient accéder directement du fleuve royal aux caves du château, de quoi se désaltérer en toute tranquillité… On pourrait encore ajouter les châteaux de Plessis-Macé, de Serrant, de Montreuil-Bellay ou encore le château de Montgeoffroy où les cuisines brillent sous une collection rutilante de près de 300 moules et pièces de cuivre ayant servi à nourrir les hôtes au travers des siècles.
Gastronomie
Difficile d’imaginer une région de France chérie par ses rois sans vignes, sans vin ! Le vignoble d’Anjou-Saumur, 3e région viticole française, s’étend sur plus de 20 000 hectares entre le Layon, l’Aubance et la Loire, offrant une grande diversité de vins.
Avec 27 appellations, des cépages d’une grande richesse aromatique et une diversité de sol entre schiste et tuffeau, on n’a que l’embarras du choix, au gré des repas. Le chenin, cépage roi de la Loire, offre des blancs secs en début de vendange. Plus tard dans la saison, il permet d’élaborer des vins moelleux, voire même liquoreux comme les chaume et les coteaux du Layon. Souvent entreposées dans des caves troglodytes, tous ces flacons font le bonheur des amateurs comme des chefs ligériens qui aiment les décliner de l’entrée au dessert, non sans fierté… Fricassées de volaille, poissons de Loire, bœuf du Maine, cul-de-veau à l’angevine, crêmet d’Anjou – un mélange de crème Chantilly et de blancs d’œuf montés en neige, rehaussé de vanille ou de petits fruits rouges… -, toutes ces spécialités angevines trouvent leur équilibre auprès des cépages d’Anjou-Saumur. De la fillette au Mathusalem…
Patrimoine
Plus vaste cité monastique d’Europe, l’Abbaye Royale de Fontevraud a été fondée en 1101 par le moine Robert d’Arbrissel, dont la volonté fut d’en accorder la gouvernance à des abbesses.
De Pétronille de Chemillé à Renée de Bourbon, Gabrielle de Rochechouart, Marie de Bretagne et Julie d’Antin, la dernière délogée à la Révolution, elles furent 36 abbesses en près de 800 ans à régner sur la vie monastique, hommes et femmes confondus, une situation unique dans l’histoire religieuse française. De 1200 à 1204, Aliénor d’Aquitaine, reine de France puis d’Angleterre, a passé à l’abbaye les dernières années de sa vie. Son gisant trône au cœur de l’abbatiale au côté de ceux d’Henri II Plantagenêt, son second mari, et de Richard Cœur de Lion, son fils favori. Si Napoléon en fit une prison, l’abbaye est aujourd’hui un centre culturel accueillant artistes, visiteurs et congressistes dans l’esprit œcuménique de son fondateur. On peut y séjourner au sein de Fontevraud L’Hôtel 4*, loin des tumultes du monde, dans 54 chambres conçues pour préserver l’atmosphère historique du lieu. Au delà des nourritures spirituelles, la table de Fontevraud Le Restaurant confiée à Thibaut Ruggeri depuis 2014 affiche une étoile Michelin et un menu unique en 4 plats appelé « Lune », renouvelé chaque mois, en accord avec le rythme de la nature. Le potager bio créé sur 5000 m2 au cœur des jardins de l’abbaye fournit l’essentiel des légumes et petits fruits pour les cuisines, tout comme le miel incontournable du petit déjeuner monacal.
Événement
L’histoire du Cadre noir de Saumur naît avec la fin du 1er Empire. La cavalerie française ayant été décimée par les batailles napoléoniennes, il fallait reformer des troupes à cheval. Au cours du XIXe siècle, le Cadre noir fournira les officiers et les chevaux à l’élite de l’armée française. La cavalerie se mécanisant au cours des conflits du XXe siècle, le Cadre noir s’orienta vers l’équitation sportive et les spectacles de dressage même si, en juin 1940, la charge perdue d’avance des Cadets de Saumur sur le pont de Montsoreau face aux chars Panzer demeure un fait d’armes illustre du régiment ! Depuis 1972, l’École nationale d’équitation s’appuie sur les savoir-faire des écuyers du Cadre noir pour assurer ses spectacles. En 2010, elle a fusionné avec les Haras nationaux pour devenir l’Institut français du cheval et de l’équitation.
A l’instar des écoles autrichienne ou portugaise, la tradition équestre française se produit en spectacle tout au long de l’année, tant au manège de Saumur qu’au travers de galas dans le monde entier. Le Printemps des Écuyers, Au cœur du Grand Manège, les Musicales du Cadre noir, autant de spectacles rendant hommage – tout au long de l’année – au cheval même si les écuyers, dresseurs, soigneurs, vétérinaires, hommes et femmes confondus, ne sont jamais loin de leur meilleur ami. Le détail des spectacles, visites, programmations et tarifs est à retrouver sur le site du Cadre noir :https://www.ifce.fr.